financement de la transition écologique

L’état du financement de la transition écologique par les gouvernements

« Nous sommes sur une route vers l’enfer climatique avec le pied sur l’accélérateur. » 

Cet énième avertissement d’Antoine Guterres, le secrétaire général de l’ONU, lancé à l’ouverture de la COP27 en Egypte, nous rappelle que la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs est une priorité mondiale. Il est nécessaire de mobiliser les énergies à tous les niveaux, notamment dans les secteurs énergétique, industriel et agro-alimentaire. 

Mais, concrètement, d’où viendra l’argent pour que ces objectifs deviennent réalité ? 

Parce que l’Europe ouvre la voie, c’est sur sa trajectoire que nous fonderons notre analyse. 

En effet, pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable, l’UE a notamment créé le marché européen du carbone en 2005 dans la continuité du protocole de Kyoto. Ce système d’échange de quotas de carbone réservé aux grands groupes polluants a conduit le prix de la teqCO2 à dépasser le seuil symbolique des 100 € durant l’été 2022, pour se situer autour de 80 € aujourd’hui.

Des montants astronomiques à investir rapidement

1.115 milliards d’euros par an entre 2021 et 2030.

C’est le chiffre auquel la Cour des comptes européenne [1] est parvenue en septembre 2017 pour réussir la transition de certaines filières émettrices de dioxyde de carbone : les transports, les bâtiments, les services et l’industrie.

Bien que ce montant corresponde à plus de six fois le budget de l’UE pour 2022 et soit de ce fait gigantesque, il faut avoir à l’esprit qu’il ne couvre pas la transformation écologique dans son ensemble : cette estimation ne tient compte ni des autres secteurs à réformer en profondeur (alimentation, agriculture, sauvegarde de la biodiversité, gestion des déchets, des risques climatiques, etc.), ni des limites de la notion de neutralité carbone, sur lesquelles nous reviendrons.

Fin 2019, à l’occasion de la COP25 à Madrid, la Commission européenne s’est engagée à travers le Pacte vert pour l’Europe à atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050. La loi européenne sur le climat, votée trente mois plus tard, a transformé cet engagement en obligation contraignante et traduit en chiffres (1.000 milliards d’euros en 10 ans) les investissements privés et publics nécessaires au financement de l’action climatique. 

Pour rappel, la feuille de route mise en place pour réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 55% par rapport à 1990 d’ici à 2030 repose sur les mécanismes de compensation carbone. C’est donc en visant l’équilibre entre les émissions par les activités humaines et l’absorption de GES par un espace naturel ou puits de carbone (océans, forêts, tourbières, sols) que l’UE entend contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.

Les territoires au cœur de la transition :
leviers et limites

À l’échelle des États de l’Union Européenne, les collectivités territoriales sont mandatées pour intégrer les politiques d’investissement en planifiant et en animant la transition énergétique dans les secteurs clés. Ainsi, en France, les régions, départements, communes et groupements de communes soutiennent des projets structurants. Ils « verdissent » des dépenses internes, cofinancent les projets de transition des entreprises et des particuliers, créent les cadres d’incitation ou redirigent des ressources privées mobilisées dans des secteurs intensifs en GES vers des projets bas-carbone. 

Il apparaît cependant que le niveau régional et intercommunal peine à traduire en actes les objectifs climat nationaux et internationaux en raison d’un certain nombre d’écueils. 

Premièrement, les dispositifs d’attribution de subventions sont complexes,  cloisonnés et parfois instables. En second lieu, le fonctionnement généralisé par appel à projets allonge les temps de traitement administratif, de pilotage et de reporting, et limite les innovations à celles dont les financeurs ont connaissance. Troisièmement, les collectivités souffrent d’une difficulté à se coordonner, mais aussi à mobiliser les compétences techniques attendues dans les domaines de l’ingénierie juridique et financière. Enfin, et sans épuiser le sujet, la faiblesse des retours sur investissements à court ou moyen terme décourage les investisseurs à financer certains chantiers à vocation écologique. 

Face à ces difficultés structurelles, des voix telles que celles du laboratoire d’idées The Shift Project appellent à une véritable transformation des territoires, afin non seulement d’accélérer leurs capacités d’atténuation, mais surtout d’éviter le risque de mal-adaptation dans des contextes dégradés où les plans climat aggraveraient les crises à venir.

Le rôle incontournable du secteur privé

Signe des temps, la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, en marge de la COP27 à Charm el-Cheikh, a alerté sur le fait que l’économie réelle était « beaucoup trop lente » à accomplir les changements dictés par les objectifs de l’Accord de Paris. Plus préoccupant, la compilation des engagements nationaux et internationaux pris en faveur du climat ne permettrait de réduire les émissions de GES que de 11% d’ici 2050. 

Alors que faire ? Le FMI a identifié un levier [2] pour changer rapidement de cap : la fixation du prix du carbone à un prix moyen de 75 dollars par tonne de carbone en 2030.  

On comprend aisément la puissance incitative d’un prix plancher international pour le carbone. Parce qu’il fait peser le poids des préjudices sur les entités polluantes, cet instrument financier mondial modifierait les comportements plus sûrement que des sanctions. Si, rapidement, les 67 systèmes d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre qui existent de par le monde alignaient leurs mécanismes de tarification sur ceux du marché du carbone européen, les émissions finiraient par se maintenir à des niveaux soutenables.

Or, avons-nous le temps d’attendre que cela se produise ? 

Certes non, dans la mesure où, entre autres mauvaises nouvelles, la sixième limite planétaire sur neuf a été franchie [3]. Mais si le GIEC nous situe à 0,3°C du point de non-retour, il insiste aussi sur le fait qu’il est encore temps d’agir [4] dans la mesure où chaque mois compte. 

Réduire nos consommations d’énergie, investir dans les énergies renouvelables et dans des projets énergétiques durables sont autant d’actions primordiales pour lutter contre le dérèglement climatique.

Et s’il était possible d’accélérer la transition en nous réconciliant de manière systémique avec la nature ?

L’agroécologie :
un moyen rapide et global de régénérer le climat

Comme nous l’avions laissé entendre, la « neutralité carbone » ne peut constituer à elle seule la solution, pour des questions d’équité, de périmètre, mais aussi d’efficacité. En février 2022, l’Agence pour l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie (ADEME) a publié un avis d’expert [5] qui préconise plutôt d’identifier, à l’échelle territoriale, les possibilités réelles de réduction des émissions et de séquestration du carbone. 

Or, il est un secteur de l’économie réelle doté d’un potentiel de réparation au moins égal à sa responsabilité dans la dégradation du climat, avec 25% des émissions de gaz à effet de serre : l’agriculture. 

En restaurant la santé des sols par des pratiques agricoles plus vertueuses, l’agriculture régénératrice améliore significativement le potentiel de stockage de carbone des sols agricoles, en plus de la réduction des émissions de méthane et de CO2. 

Les bénéfices d’une telle agriculture sur l’environnement dépassent largement l’enjeu du carbone, puisqu’elle permet aussi de restaurer la biodiversité, d’améliorer le cycle de l’eau et de mieux nourrir les hommes.

C’est pourquoi ReGeneration vous propose de financer, de soutenir et de récompenser la transformation agroécologique des agriculteurs engagés dans une transition durable vers des pratiques plus vertueuses et bénéfiques pour tous. 

Notre ambition est de transformer le carbone qui tue en carbone qui donne la vie, grâce à vous, en soutenant financièrement la transition vers l’agriculture régénératrice de plus de 6 millions d’hectares en Europe en moins de 10 ans.

Partagez cet article

Facebook
Twitter
LinkedIn