paysage agricole

À vous la parole : Charlotte Pouget

Il y a quelques semaines, nous avons reçu cette chronique écrite par Charlotte Pillard-Pouget, qui fait partie des toutes premières investisseuses dans notre produit obligataire. Quel plaisir pour toute l’équipe de lire son travail et de constater à quel point elle s’est non seulement approprié le sujet, mais aussi qu’il lui tient à cœur de le défendre et d’en parler.

Il est donc tout naturel que nous le partagions avec les lecteurs de notre blog : bonne lecture ! 

Tribune pour le soutien à l’agriculture régénératrice et la reconnaissance du rôle vital de nos agriculteurs

L’agriculture au centre de nos priorités

Il est essentiel de renforcer le soutien aux agriculteurs qui investissent dans des pratiques vertueuses pour nous nourrir sainement et dans le respect de notre environnement.

L’agriculture régénératrice restaure la santé des sols en augmentant la teneur en matières organiques et le potentiel de stockage de carbone.

L’agriculture est aujourd’hui ciblée comme étant en partie responsable du dérèglement climatique avec 17 % des émissions totales de gaz à effet de serre en France. Elle doit prendre son rôle de leader dans la solution, grâce à la préservation des prairies et l’optimisation du pouvoir absorbant des terres.

 

L’agriculture sans intrant chimique : un modèle financièrement rentable

Accompagner l’abandon des fertilisants et pesticides permet d’améliorer notre espérance et qualité de vie, baisser nos émissions de gaz à effet de serre (N2O protoxyde d’azote) tout en évitant les surcoûts énormes entraînés par l’agriculture « chimique » en termes de santé publique et détérioration de notre environnement.

 

Combien nous coûte l’agriculture « traditionnelle » ?

Sur le site du ministère de la santé et de la prévention  et sur base d’une expertise de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), le gouvernement met en garde : « Les pesticides étant destinés à détruire des organismes vivants, ils sont susceptibles d’avoir des effets sur la santé humaine et l’environnement. Leurs effets sanitaires peuvent être aigus (immédiats) ou chroniques (à long terme). » Nous sommes tous vulnérables quant aux effets des pesticides puisque l’exposition aux pesticides peut se produire directement dans le cadre de leur fabrication ou de leurs utilisations professionnelles ou domestiques, mais aussi indirectement par l’air et l’alimentation.

Les synthèses des études épidémiologiques publiées par l’ INSERM en 2013 analysées montrent qu’il existe une présomption de lien, parfois forte, entre une exposition à des pesticides et des pathologies chez l’adulte comme certains cancers ou maladies neurodégénératives. A titre indicatif, selon l’analyse économique des coûts du cancer en France de Pierre Bentada, les cancers pris dans leur ensemble (toute cause confondue) ont entraîné une perte moyenne de 16 années de vie. 

Pour estimer le coût financier, il faudrait connaître la part de responsabilité des produits toxiques avant de les additionner. Toujours selon le cabinet Asteres cité ci-dessus, les cancers en 2017 ont coûté 18,3 milliards d’Euro à la France, dont 16,5 milliards pour le traitement des soins, le solde étant dû à la perte de productivité.

Selon l’Assurance maladie, les PMA ont coûté environ 300 millions d’euros en 2014. La responsabilité des pesticides et perturbateurs endocriniens sur la fertilité française ainsi que le déclenchement de certaines maladies neurologiques, est admise, mais ils ne sont pas l’unique cause d’où la difficulté de chiffrer les coûts.

Sur un autre registre, le cas d’école de la ville de Munich qui a opté, en 1991, pour l’accompagnement de ses agriculteurs vers des pratiques bio, est un succès et a permis d’éviter l’investissement coûteux dans une station de dénitrification et traitement des phytosanitaires. Bilan : les teneurs en nitrates ont diminué de 43 % depuis 1991 et celles en phytosanitaires de 54 %. Coûts de l’aide : 750 000 euros par an soit moins d’un centime par m2 d’eau distribuée contre 0,5 à 1 euro le m2 d’eau pour le traitement en France.

 

Cessons d’être masochistes

Finalement, nous pouvons continuer à nous tirer une balle dans le pied jusqu’à ne plus pouvoir poser le pied par terre -sur cette terre qui nous nourrit pourtant- ou encourager et subventionner nos agriculteurs pour les services rendus en matière de santé, de qualité de l’eau, de biodiversité, de lutte contre le dérèglement climatique par la captation de carbone.

 

Mot de la « faim »

Reconnaissons le rôle vital de nos agriculteurs, achetons pour le plaisir des yeux et des papilles les produits locaux sur nos marchés colorés, tellement meilleurs que dans les hypermarchés. 

Donnons-nous les moyens de susciter des vocations en ajoutant au programme scolaire l’enseignement du jardinage et la botanique dès la maternelle et jusqu’à la fin du collège. L’homme protège plus facilement ce qu’il aime et aime d’autant plus qu’il connaît. Alors, privilégions les classes vertes et le maniement du râteau pour les plus jeunes et laissons la révolution numérique au lycée.

Déclarons l’agriculture régénératrice grande cause nationale 2023 (après la sauvegarde des abeilles en 2022). 

Charlotte PILLARD POUGET

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