Réduire les intrants chimiques en agriculture – engrais de synthèse et pesticides – est essentiel pour restaurer les sols, favoriser la biodiversité et améliorer la résilience agricole. L’agriculture régénératrice propose un modèle durable, sobre et efficace, centré sur les processus naturels.
Et si la fertilité ne venait plus d’un bidon ?
Pendant des décennies, l’agriculture moderne s’est construite sur l’idée qu’il fallait “corriger” la nature. Apporter de l’azote pour compenser une fertilité jugée insuffisante. Pulvériser des fongicides pour sécuriser les récoltes. Appliquer des insecticides pour protéger les cultures.
Une logique productiviste, certes efficace à court terme. Mais qui, sur le long terme, laisse des traces profondes dans les écosystèmes agricoles : destruction de la biodiversité souterraine, appauvrissement des sols, émissions de gaz à effet de serre, dépendance accrue des fermes aux intrants externes.
Avec l’agriculture régénératrice, on retourne la logique : et si le sol redevenait le moteur central de la fertilité ?
Intrants chimiques : des solutions court-termistes aux effets durables
Quand on parle d’intrants chimiques, on désigne principalement deux grandes familles :
Les engrais de synthèse : comme le NPK (azote, phosphore, potassium) – destinés à fertiliser les cultures.
Les pesticides : une catégorie qui regroupe les herbicides, les insecticides et les fongicides, utilisés pour contrôler les “nuisibles”.
Ces intrants peuvent sembler indispensables, mais ont des effets nuisibles sur le long terme :
- Les fertilisants chimiques, comme l’azote minéral, altèrent les équilibres microbiens des sols. Ils favorisent certaines bactéries au détriment d’autres, inhibent les mycorhizes (ces champignons qui aident les racines à absorber les nutriments), et contribuent à l’acidification du sol. Leur fabrication (procédé Haber-Bosch) est aussi très émettrice : jusqu’à 6 kg de CO2 par kg d’azote produit.
Les pesticides, quant à eux, ne se contentent pas de cibler les ravageurs. Ils affectent une large gamme d’organismes utiles : insectes pollinisateurs, auxiliaires de culture, champignons bénéfiques… Ils fragilisent les équilibres biologiques et provoquent souvent des effets en cascade, nécessitant davantage d’interventions.
Restaurer les équilibres naturels pour limiter les intrantsAjoutez votre titre ici
L’agriculture régénératrice ne propose pas simplement de “faire sans”. Elle propose de faire autrement, elle cherche à restaurer les équilibres naturels du sol et des cultures. Elle repose sur une idée simple mais puissante : la fertilité est déjà là, dans les processus biologiques que l’on a trop longtemps négligés.
Les champignons mycorhiziens, par exemple, vivent en symbiose avec les racines des plantes. En échange de sucres, ils leur permettent d’absorber plus efficacement l’eau et les nutriments. Cette relation naturelle, essentielle à la santé du sol, est fragilisée par les engrais de synthèse. À l’inverse, elle est renforcée par l’usage de couverts végétaux, le compost ou des rotations adaptées.
Le cycle de l’azote, lui aussi, peut fonctionner sans intrants chimiques. Les légumineuses, comme le trèfle ou la luzerne, fixent l’azote de l’air grâce à des bactéries spécialisées. Une prairie bien conduite peut fournir autant d’azote qu’un apport minéral, avec bien moins d’impact.
Et quand les sols sont vivants, les plantes développent leurs propres systèmes de défense. Elles produisent des composés qui les rendent plus résistantes aux attaques fongiques ou aux insectes. Résultat : moins de dépendance aux traitements phytosanitaires, et un équilibre retrouvé entre cultures et environnement.
Moins d’intrants, plus de résilience économique
Limiter les intrants chimiques, ce n’est pas “faire de l’agriculture du passé”. C’est préparer une agriculture plus autonome, moins vulnérable aux fluctuations de prix et plus résiliente face aux aléas climatiques.
Ces changements ne sont pas que techniques. Ils sont aussi économiques.
Un sol qui fonctionne bien est un sol qui :
stocke plus d’eau (donc moins de stress hydrique)
retient mieux les nutriments (donc moins de fuites)
favorise la biodiversité (donc moins de ravageurs)
Autant de leviers pour réduire les charges et mieux valoriser les pratiques.
Fertilité, oui – dépendance, non
Réduire les intrants chimiques, ce n’est pas prendre un risque. C’est retrouver une autonomie agronomique. C’est sortir d’un système dans lequel le sol devient dépendant des apports extérieurs. C’est aussi répondre aux attentes croissantes des marchés, des consommateurs et des régulateurs.
Car demain, les modèles agricoles seront évalués non seulement sur leurs rendements… mais sur leur capacité à préserver les écosystèmes, séquestrer du carbone, et régénérer le vivant.
Chez ReGeneration, ce septième commandement n’est pas une contrainte. C’est le socle d’une agriculture durable.