Dans le contexte d’urgence climatique qui est le nôtre, les entreprises doivent repenser leur stratégie pour limiter leur impact environnemental. La réduction de ces émissions est en effet essentielle pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement bien en dessous de 2 °C, d’ici 2050. Deux approches sont couramment adoptées : la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la séquestration de carbone. Quelles sont les différences entre ces deux méthodes et quelles solutions concrètes peuvent être mises en œuvre ? Cet article explore ces concepts et propose des exemples pour aider les entreprises à progresser vers la neutralité carbone.
Atteindre la neutralité carbone en 2050 : un enjeu crucial pour les entreprises
Les entreprises se situent au premier plan dans le respect des engagements liés aux Accords de Paris, impliquant d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.
Une majorité d’entreprises s’est aujourd’hui emparé de ce sujet à travers la fixation de feuilles de route vers l’atteinte de l’objectif de zéro émission, souvent plus volontaristes que les Accords de Paris, ciblant pour certaines une date à 2040, voire 2030. Elles se conforment pour ce faire aux cadres fixés par des organisations internationales qui viennent préciser les modalités de mise en œuvre de cette neutralité carbone, en particulier le GHG Protocol, le SBTi, etc.
Pour atteindre ces objectifs, les entreprises ont deux solutions qui s’offrent à elles :
- La première, prioritaire selon les protocoles internationaux, repose sur la réduction des émissions liées à l’activité de l’entreprise (ses Scopes 1, 2 et 3), en travaillant sur ses processus de production, d’approvisionnement, sa chaîne de valeur, la transformation de son modèle économique, etc.
- La seconde, qui intervient une fois les réductions d’émission optimisées, consiste à promouvoir ou investir dans des projets de séquestration du carbone, que l’entreprise peut alors intégrer dans son propre bilan carbone en contribuant à une neutralité carbone globale, en dehors de sa chaîne de valeur. On appelle cela la Contribution carbone.
Mais en quoi consistent précisément ces deux approches, quelles différences entre les deux, et quelles solutions les entreprises doivent-elles privilégier ?
Réduction des émissions : agir à la source
La réduction des émissions de CO₂ implique de diminuer directement la quantité de gaz à effet de serre émise dans l’atmosphère en modifiant les processus de production ou de consommation. Cette approche est cruciale pour réduire l’empreinte carbone globale des entreprises de manière immédiate.
Exemples de réduction des émissions :
Les solutions de réduction des émissions sont souvent plus immédiates et touchent directement les opérations des entreprises.
- Efficacité énergétique : améliorer l’efficacité énergétique permet de consommer moins d’énergie pour une production équivalente. L’installation de systèmes de gestion de l’énergie (SGE) dans les usines industrielles permet de réduire les besoins énergétiques tout en optimisant les processus. Le groupe Schneider Electric a développé des solutions pour aider les entreprises à suivre et réduire leur consommation d’énergie.
- Passage aux énergies renouvelables : l’utilisation de sources d’énergie renouvelable telles que le solaire ou l’éolien permet de réduire les émissions liées à la production d’énergie. Google s’est engagé à utiliser exclusivement des énergies renouvelables pour alimenter ses centres de données, ce qui réduit considérablement ses émissions de GES.
- Optimisation des processus industriels : cela inclut l’adoption de techniques de production plus propres et moins émettrices. Dans l’industrie du ciment, des entreprises comme Holcim ont réduit leur empreinte carbone en utilisant des matières premières alternatives et en optimisant les fours à ciment.
- Économie circulaire : encourager le réemploi, la réutilisation ou le recyclage des matériaux permet de réduire la demande de nouveaux produits et donc de limiter les émissions liées à la production. Loop Industries recycle les plastiques PET usagés pour produire de nouveaux matériaux de haute qualité, évitant ainsi les émissions associées à la production de plastique neuf.
La séquestration de carbone : des solutions nombreuses à l’impact variable
La séquestration de carbone est un processus qui vise à capturer le dioxyde de carbone (CO₂) présent dans l’atmosphère et à le stocker, empêchant ainsi sa contribution au réchauffement climatique. Il existe plusieurs moyens de séquestration, naturels ou technologiques.
Solutions naturelles de séquestration de carbone :
Les solutions fondées sur la nature (Nature-Based Solutions) sont les plus courantes et les plus accessibles aujourd’hui pour les entreprises cherchant à investir dans la séquestration. Voici quelques exemples concrets :
- Reforestation et afforestation : planter des arbres sur des terres dégradées ou non forestières permet de stocker du carbone à long terme dans la biomasse des arbres et les sols. C’est une solution à fort potentiel, mais elle nécessite des décennies pour atteindre son plein impact. La start-up française EcoTree développe des projets de reforestation en France, dans lesquels les entreprises et les particuliers peuvent investir.
- Agriculture régénératrice : en adoptant des pratiques agricoles telles que le semis direct, la rotation des cultures ou l’agroforesterie, les agriculteurs peuvent stocker du carbone dans les sols. Cette solution, encore méconnue il y a quelques années, connaît un vif essor. C’est bien entendu celle que développe ReGeneration avec une approche rigoureuse dans les mesures et la vérification des bénéfices.
- Projets de restauration des écosystèmes : les entreprises peuvent financer la restauration des prairies, mangroves ou tourbières, qui sont d’excellents puits de carbone naturels. Le projet de récupération des tourbières en Écosse vise à restaurer ces milieux humides pour absorber le carbone et protéger la biodiversité.
Solutions technologiques de séquestration :
En complément des solutions naturelles, les entreprises peuvent aussi investir dans des technologies de captage du carbone.
- Captage et stockage du carbone (CSC) : cette technologie permet de capter le CO₂ à la source d’émission (industries lourdes, centrales électriques) pour le stocker dans des formations géologiques profondes. Le projet Northern Lights en Norvège vise à capturer des émissions industrielles et les stocker sous la mer du Nord.
- Bioénergie avec capture et stockage du carbone (BECCS) : cette technologie combine la production d’énergie à partir de la biomasse avec la capture du CO₂ émis lors de la combustion. Le projet Drax Power au Royaume-Uni utilise des biomasses pour produire de l’électricité tout en capturant les émissions.
- Transformation de la biomasse en biochar : ce procédé convertit des déchets organiques en une forme stable de carbone, le biochar, qui peut être utilisé pour améliorer les sols tout en stockant du carbone. La société NetZero propose des crédits carbone basés sur la production de biochar, un procédé de séquestration considéré comme très efficace.
Combiner séquestration et réduction pour une stratégie durable
L’atteinte de la neutralité carbone ne peut se faire sans une combinaison des deux approches. Chaque entreprise doit évaluer la meilleure stratégie en fonction de son secteur et de ses capacités.
- Projets combinant séquestration et réduction : Certaines entreprises intègrent des solutions combinées pour maximiser leur impact. Par exemple, les projets de bioénergie avec capture de carbone (BECCS) permettent de produire de l’énergie renouvelable tout en séquestrant le CO₂ émis.
- Insetting et Offsetting : Les entreprises peuvent également choisir de compenser leurs émissions à l’intérieur de leur chaîne de valeur (insetting) ou en finançant des projets externes (offsetting).
L’agriculture régénératrice : un levier à fort potentiel pour la séquestration du carbone
Parmi les solutions basées sur la nature, l’agriculture régénératrice se distingue par son potentiel à capter et stocker du carbone directement dans les sols. Contrairement à l’agriculture intensive traditionnelle, qui épuise les sols, cette approche privilégie des pratiques comme le non-labour, la rotation des cultures, l’agroforesterie, la couverture des sols et pas d’ajout d’intrants chimiques. Ces techniques non seulement réduisent les émissions de carbone, mais améliorent également la santé des sols en augmentant leur teneur en matière organique, en améliorant le cycle de l’eau et en enrichissant la biodiversité.
L’agriculture régénératrice, en s’appuyant sur la photosynthèse, capture le CO2 qui est ensuite stocké dans la matière organique des sols. Cela permet de restaurer les sols épuisés, d’enrichir la biodiversité et d’améliorer la rétention d’eau, rendant les systèmes agricoles plus résilients. Dans ce contexte, l’Initiative « 4 pour 1000« promeut l’augmentation de 0,4 ‰ par an de la teneur en matière organique des sols agricoles et forestiers, ce qui pourrait compenser les émissions mondiales de CO2.
Des sols plus riches en matière organique sont moins sensibles à l’érosion, retiennent mieux l’eau et nécessitent moins d’intrants chimiques, stabilisant ainsi les rendements agricoles. Cela fait de l’agriculture régénératrice une solution clé pour la transition vers un avenir bas carbone, tout en assurant la sécurité alimentaire mondiale et la restauration écologique.
ReGeneration : une approche unique et rigoureuse de la séquestration de carbone via l’agriculture
Chez ReGeneration, nous développons des projets de séquestration du carbone via la transition agroécologique de nos fermes partenaires, selon une approche unique alliant rigueur et une attention particulière aux co-bénéfices environnementaux de cette démarche.
Outre le fait que nous soumettons nos projets à la certification internationale Verra selon la méthodologie VM 0042, nous adoptions une méthode unique qui garantit la fiabilité et la robustesse de notre modèle pour les entreprises avec lesquelles nous travaillons :
- Accompagnement agronomique : Nos agriculteurs partenaires, engagés pour 10 ans, bénéficient d’un accompagnement personnalisé d’agronomes qui leur apportent des conseils sur le terrain pendant au moins cinq ans.
- Mesures réelles sur le terrain : ReGeneration a élaboré des méthodologies et protocoles de mesure du carbone organique des sols parmi les plus avancés, élaborés avec des scientifiques et des partenaires de haut niveau.
- Mesures des co-bénéfices au-delà du carbone : ReGeneration a développé des protocoles particuliers pour quantifier de manière précise et rigoureuse les améliorations en matière de biodiversité et de ressources en eau au sein des projets.