Le Monde de Jamy, « Des solutions dans nos assiettes » : les précisions de l’équipe ReGeneration

Avez-vous vu le reportage « Le Monde de Jamy : Santé, budget, environnement : des solutions dans nos assiettes ! » sur France 3 le 19 janvier 2022 ? Nous sommes très heureux que les sujets de l’agriculture et de l’alimentation soient abordés dans de telles émissions destinées au grand public, et fiers de l’apparition de Félix Noblia.

Cependant, nous avons relevé 3 sujets sur lesquels nous aimerions revenir, afin d’apporter quelques précisions.

Manger moins de viande :
bon pour la santé et pour l’environnement ?

En regardant le reportage, on entend à 12 min 10 : “en grande quantité, la viande rouge et la charcuterie augmentent les risques de cancer”. La viande est-t-elle cancérigène ? Pas lorsqu’elle est accompagnée de légumes, riches en antioxydants. Pour aller plus loin, nous émettons l’hypothèse suivante : puisque la viande issue d’un élevage à l’herbe est plus riche en antioxydants, les risques de cancer liés à sa consommation sont probablement bien inférieurs. Selon nous, il serait donc intéressant de mener une étude sur ce sujet, car nous avons le sentiment que l’expression “la viande” est un terme trop générique, qui englobe des produits de niveaux de qualité très hétérogènes. Comme il est dit dans le reportage : “toutes les viandes ne se valent pas”… y compris au sein d’une même production !

Côté environnement, l’élevage (comme celui de Félix Noblia) a des impacts positifs sur l’environnement : le bovin a l’impact environnemental du mode de vie que l’on choisit pour lui. Si des vaches valorisent des pâturages et sont 100% nourries à l’herbe, leur impact est positif. A condition bien sûr que le nombre d’animaux pâturant sur la surface soit proportionnel à la productivité de la zone.

Avec ou sans pesticides, bio ou conventionnel :
stop aux raccourcis

Le reportage évoque également les risques liés à l’utilisation de pesticides et recommande le bio pour éviter de s’exposer aux résidus de produits phytosanitaires. Ce discours un peu simpliste tend à diviser et polariser le monde agricole : les gentils et les méchants, les bio et les non bio, etc. Il nous semble important de dépasser cette vision.

Dans tous les cas, les systèmes conventionnels et bio se heurtent à une même problématique : la nécessité d’apporter de la matière organique aux sols.

Or, les engrais de synthèse, utilisés généralement en agriculture conventionnelle, génèrent de grandes quantités de protoxyde d’azote, un gaz très contributeur au réchauffement climatique.

Côté bio, le travail du sol est nécessaire et, même si l’on utilise des intrants naturels provenant de végétaux (compost) ou d’animaux (fumier, lisier, fiente), on doit éviter de faire venir ces intrants de loin : le compost et le fumier doivent être utilisés au plus près de leur lieu de production.

De ce point de vue, la polyculture élevage est selon nous le modèle le plus performant et le plus résilient, sublimé lorsque l’on rajoute de l’agro-foresterie. Constituer des prairies temporaires dans la rotation permet d’éviter l’érosion pendant plusieurs années et de reconstituer le cortège biologique capable de mobiliser les éléments nutritifs des plantes.

En d’autres termes, l’opposition des systèmes conventionnel et bio n’est pas pertinente : les deux ont leurs vertus et leurs défauts, mais l’essentiel, en particulier au regard des enjeux climatiques et de pérennité économique des exploitations, est que tous deux s’engagent dans la construction de systèmes agricoles plus résilients.

Le carbone des sols…
seulement pour compenser ?

Bien sûr, nous ne pouvons nous empêcher d’insister sur un point évoqué (trop) rapidement : les sols agricoles, notamment les prairies, ont une grande capacité à stocker du carbone !

Selon le système adopté par l’exploitation agricole, on peut, d’une part, réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) en limitant la mécanisation et l’achat d’aliments et d’intrants provenant de l’extérieur et, d’autre part, contribuer à stocker du carbone dans les sols, limitant ainsi le réchauffement climatique.

Si l’on prend le cas de Félix, les éléments liés aux émissions de GES de l’élevage sont ainsi pris en compte dans le bilan global de la ferme. Celle-ci, gérée en pâturage tournant dynamique, est très autonome en intrants naturels et produit en agriculture biologique. Cette ferme a donc un bilan positif : elle stocke plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en émet.

Et vous ? Qu’avez-vous pensé de ce reportage du Monde de Jamy ?

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