La santé des sols est large sujet avec beaucoup d’enjeux auxquels on ne pense pas forcément. Les sols ne sont pas seulement le fondement de notre agriculture ; ils constituent un pilier indispensable pour notre biodiversité, notre climat et notre sécurité alimentaire. Pourtant, en Europe, cette ressource vitale se détériore à un rythme alarmant, comme l’indique un rapport récent du Joint Research Center (JRC) et de l’European Environmental Agency (EEA).
Ce rapport, publié il y a seulement quelques semaines, met en lumière une réalité préoccupante : environ 60 à 70 % des sols européens présentent des signes de dégradation. Cela inclut l’érosion, la perte de matière organique et la pollution. Un chiffre qui illustre à quel point nous sous-estimons l’impact de nos activités sur cette ressource pourtant essentielle à la vie.
Un patrimoine naturel en danger
L’Europe est un véritable carrefour de biodiversité souterraine. Ses sols abritent plus de 20 types différents, allant des tourbières du nord aux terres méditerranéennes irriguées. Ces sols jouent des rôles essentiels, notamment en stockant près de 75 milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de plus de 50 années d’émissions de CO2 de l’Union européenne. Pourtant, leur état se dégrade rapidement sous l’effet des pressions combinées de l’agriculture intensive, de la pollution et de l’artificialisation des terres.
Prenons l’exemple des terres irriguées en Méditerranée : 25 % d’entre elles souffrent aujourd’hui de salinisation, un processus qui détruit leur fertilité et rend les cultures impossibles. Par ailleurs, les tourbières, qui couvrent 3 % des terres de l’Europe mais stockent plus de carbone que toutes les forêts européennes réunies, sont devenues des émetteurs de gaz à effet de serre en raison de leur assèchement pour des usages agricoles ou urbains.
En parallèle, les microplastiques, les métaux lourds et les produits chimiques tels que les PFAS envahissent les sols. Ces polluants affectent leur structure, leur capacité à retenir l’eau et leurs propriétés biologiques. Le problème dépasse la seule qualité des terres : il menace aussi les ressources en eau, qui dépendent directement de la capacité des sols à filtrer et à retenir les précipitations.
L’impact de l’érosion et de l’artificialisation
Chaque année, l’érosion due aux intempéries extrêmes enlève en moyenne 2,5 tonnes de terre par hectare en Europe. Dans certaines régions, ce chiffre atteint même 10 tonnes par hectare. Imaginez une fine couche de terre fertile emportée par les pluies ou les vents, privant nos cultures de leur base nourricière.
L’urbanisation aggrave également la situation. Depuis 1990, environ 275 hectares de sols fertiles sont artificialisés chaque jour en Europe. Routes, bâtiments et infrastructures recouvrent ces terres, les rendant incapables de remplir leurs fonctions naturelles comme la séquestration du carbone ou la recharge des nappes phréatiques.
Ces phénomènes ne sont pas anodins. La dégradation des sols a un coût économique estimé à 50 milliards d’euros par an pour l’Europe. Ce montant inclut la baisse de la productivité agricole, les coûts liés aux inondations, et les dépenses de dépollution.
Des solutions pour un avenir durable
Face à ce tableau sombre, des solutions existent. L’agriculture régénératrice, par exemple, s’impose comme une réponse prometteuse. En mettant l’accent sur des pratiques telles que la réduction du travail du sol, la couverture permanente des sols et la diversification des cultures, cette approche vise à restaurer la santé des sols tout en maintenant leur productivité.
En France, d’après l’étude, des exploitations ayant adopté l’agriculture régénératrice ont observé une augmentation de 20 % de la matière organique dans leurs sols en seulement cinq ans, tout en réduisant leur consommation d’eau et d’engrais. Ces résultats montrent qu’avec des actions concrètes, il est possible d’inverser la tendance.
La protection des tourbières figure également parmi les priorités. Ces écosystèmes fragiles, souvent délaissés, jouent pourtant un rôle disproportionné dans la lutte contre le changement climatique. Restaurer une tourbière peut permettre de capturer jusqu’à 2 tonnes de carbone par hectare chaque année, tout en améliorant la qualité de l’eau et en préservant une biodiversité unique.
Au-delà de l’agriculture, des politiques ambitieuses sont nécessaires pour freiner l’artificialisation des terres. Plusieurs pays européens ont déjà fixé des objectifs « zéro artificialisation nette » d’ici 2050, une mesure essentielle pour préserver les sols encore sains.
L’engagement collectif : une clé pour la régénération
Chez ReGeneration, la santé des sols est bien plus qu’une préoccupation environnementale : c’est une mission fondamentale. Notre approche repose sur un double engagement : accompagner les agriculteurs dans leur transition agroécologique et offrir aux entreprises des moyens concrets d’investir dans des projets de régénération des sols.
Nous travaillons main dans la main avec des exploitants pour intégrer des pratiques agricoles durables qui restaurent la fertilité des terres et augmentent leur résilience face aux aléas climatiques. En parallèle, nous permettons à des acteurs économiques de contribuer à des initiatives porteuses de sens, qu’il s’agisse de reboisement, de protection des zones humides ou de gestion responsable des sols.
Cette action collective est essentielle. Les sols sont une ressource partagée dont la préservation dépend de la mobilisation de tous : citoyens, agriculteurs, entreprises et institutions.
Agir pour redonner vie aux sols
La santé des sols est le reflet de notre rapport à la nature et à nos propres besoins vitaux. Leur dégradation, bien que préoccupante, n’est pas une fatalité. Avec des actions ciblées, une meilleure régulation et des initiatives locales et globales, nous pouvons restaurer ces écosystèmes essentiels.
Découvrez le rapport complet du Joint Research Center (JRC) afin d’en apprendre davantage sur la santé actuelle des sols.