Chez ReGeneration, nous avons défini les 9 commandements de l’agriculture régénératrice comme une feuille de route pour restaurer les sols, renforcer la biodiversité, et capter le carbone. Cette initiative unique propose une approche claire et structurée pour guider les agriculteurs dans la transition vers une agriculture véritablement durable.
1. Couverture maximale des sols : un rempart naturel contre l’érosion des sols
Un sol bien couvert, c’est un sol en bonne santé ! La première règle de l’agriculture régénératrice est de maintenir une couverture végétale permanente des sols. Les plantes, via la photosynthèse, captent le CO2 de l’atmosphère et transforment ce carbone en composés organiques qui nourrissent les micro-organismes du sol. Lorsque la plante meurt, sa matière organique se dégrade et enrichit le sol en humus, un véritable réservoir de carbone.
Les racines des plantes jouent aussi un rôle clé en sécrétant des sucres qui nourrissent les bactéries et champignons, lesquels créent par exemple de la glomaline, protéine qui aide à lier les particules du sol entre elles, ce qui améliore sa structure et le rend plus résistant à l’érosion. Plus il y a de plantes, plus le sol stocke du carbone, limitant ainsi les émissions de CO2 dans l’atmosphère et réduisant l’érosion causée par le vent et la pluie.
2. Diversification des cultures : un écosystème agricole équilibré
La diversification des cultures, souvent mise en œuvre par la rotation et l’association des cultures, prévient l’épuisement des sols. En alternant les types de cultures d’année en année, les agriculteurs permettent aux sols de se régénérer naturellement, évitant ainsi les cycles de maladies et de ravageurs propres à chaque type de culture. Par exemple, une alternance de céréales avec des légumineuses permet au sol de se régénérer en azote, réduit l’utilisation d’engrais et favorise une biodiversité enrichissante pour l’écosystème.
Les différents systèmes racinaires permettent également une meilleure captation des éléments minéraux et favorisent une structure de sol propice au développement de microorganismes bénéfiques. Un sol diversifié, c’est un sol vivant et résilient.
3. Travail minimal des sols (semis direct et strip-till) : préserver la matière organique
Moins on retourne le sol, plus il est fertile. Le travail intensif des sols dégrade la structure naturelle du sol, augmente l’oxygénation et libère du CO2. Les pratiques de travail minimal, comme le semis direct ou le strip-till (travail en bandes) préservent l’intégrité des sols.
- Semis direct : est une méthode de culture où les semences sont directement implantées dans le sol sans qu’il soit préalablement labouré. Cette technique limite les perturbations du sol, ce qui permet de préserver la structure du sol, de conserver son humidité, et de réduire l’érosion. En évitant le retournement du sol, le semis direct diminue également l’oxygénation excessive, limitant ainsi la libération de carbone dans l’atmosphère.
- Strip-till (ou travail en bandes) : consiste à travailler uniquement des bandes étroites de sol où seront plantées les graines, en laissant le reste de la surface intacte. Cette technique offre un compromis entre le labour et le semis direct : les bandes travaillées permettent d’aérer le sol pour favoriser la germination et le développement des racines, tandis que les zones non travaillées conservent leur structure et leur couverture, ce qui limite l’érosion et améliore la rétention d’eau.
Ces techniques permettent de préserver la matière organique tout en limitant les perturbations pour la faune du sol. En évitant le labour, le sol conserve une structure stable qui favorise la rétention d’eau, améliore l’infiltration et réduit le lessivage des nutriments.
Ces pratiques permettent également de réduire l’érosion et d’encourager la séquestration de carbone dans le sol, ce qui est essentiel pour le bilan carbone de l’exploitation.
4. Infrastructures agroécologiques : créer des habitats pour la biodiversité
Les haies, les bandes enherbées, les étangs… ces infrastructures agroécologiques constituent des abris naturels pour de nombreuses espèces bénéfiques. Ces aménagements augmentent la biodiversité sur les terres agricoles et renforcent les services écosystémiques, comme la pollinisation et la lutte contre les ravageurs. Par exemple, les bandes enherbées favorisent la présence de pollinisateurs indispensables pour la production agricole, tandis que les haies offrent un abri aux oiseaux et aux insectes prédateurs qui réduisent les populations de ravageurs. Un sol abritant une faune diversifiée devient ainsi plus résilient et favorise un cycle nutritif naturel, limitant le besoin d’intrants chimiques, protégeant l’écosystème agricole et contribuant ainsi directement à la productivité agricole.
5. Prépondérance des pâturages : des prairies pour améliorer la santé du sol et la production
Le pâturage tournant est bien plus qu’une simple gestion des troupeaux : c’est un moyen de restaurer le sol. Inspirée par les travaux d’André Voisin, cette pratique consiste à diviser les parcelles en sous-segments pour déplacer les troupeaux chaque jour, offrant à chaque segment une période de repos suffisant pour permettre la repousse de l’herbe. Ce cycle de pâturage-récupération augmente la productivité de l’herbe et réduit les impacts sur le sol, en évitant le surpâturage qui épuise la terre.
Le pâturage tournant favorise également la biodiversité, car les déjections animales enrichissent le sol en nutriments et améliorent la séquestration de carbone, encourageant la croissance d’espèces végétales.
6. Maximiser la production de biomasse et l’autonomie en matière organique
Chaque ferme peut devenir autonome en matière organique ! C’est l’un des objectifs de l’agriculture régénératrice, qui est de produire sur place la biomasse nécessaire pour nourrir le sol, limitant ainsi le recours à des apports extérieurs de matière organique. En produisant sa propre biomasse, la ferme réduit son empreinte carbone en évitant les émissions liées au transport d’engrais organiques. La production de biomasse est assurée par des techniques telles que les couverts végétaux, les composts et l’utilisation de résidus de culture, qui enrichissent le sol et favorisent la création d’humus.
Cette autonomie en matière organique permet également aux agriculteurs de mieux contrôler la qualité et la quantité de matière appliquée sur leurs terres, mais aussi de réduire leurs coûts liés au transport.
7. Dépendance minimale aux intrants : privilégier les ressources naturelles
Les intrants chimiques, même s’ils peuvent apporter des bénéfices à court terme, nuisent à la biodiversité et aux micro-organismes du sol sur le long terme. Leur réduction est essentielle pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et les impacts sur la santé des sols. Les intrants chimiques, tels que les engrais et pesticides, affectent la faune microbienne et fongique qui joue un rôle clé dans la fertilité du sol. En limitant leur usage, l’agriculture régénératrice favorise les processus naturels de fertilisation et la symbiose entre plantes et mycorhizes, qui sont des champignons vivant avec les racines des plantes. Ils aident les plantes à mieux absorber l’eau et les nutriments du sol, en échange de sucres. Cela renforce la croissance des plantes et leur résistance.
Des pratiques comme l’utilisation de compost et la rotation des cultures permettent aux agriculteurs de réduire leur dépendance aux intrants chimiques tout en maintenant des rendements viables.
8. Pas d’azote de synthèse dans les prairies : favoriser la fertilité naturelle
L’azote de synthèse, utilisé dans de nombreux systèmes agricoles, est un important émetteur de gaz à effet de serre, générant environ 6 kg d’équivalent CO2 par kg d’azote produit. En s’abstenant d’utiliser cet intrant dans les prairies, l’agriculture régénératrice valorise les légumineuses, comme le trèfle et la luzerne, qui fixent naturellement l’azote atmosphérique. Cette fertilisation naturelle réduit l’impact environnemental de la ferme et limite les perturbations des écosystèmes du sol, en particulier les mycorhizes qui sont essentielles pour la santé et la productivité des sols.
L’abandon de l’azote de synthèse permet aussi de diminuer la consommation d’énergie fossile liée à sa production et à son transport.
9. Responsabilité sociale des fermes : l’agriculture au service de la société
ReGeneration encourage et accompagne les fermes partenaires à adopter une gestion responsable, intégrant des pratiques respectueuses de l’environnement mais aussi de la communauté locale. Ce dernier commandement fait de l’agriculture régénératrice une approche holistique, soucieuse de l’impact social de ses pratiques. Une gestion responsable passe par des conditions de travail respectueuses, la transparence avec les parties prenantes et une implication dans le développement des communautés rurales.
Cette responsabilité sociale assure que l’agriculture régénératrice soit non seulement bénéfique pour la planète, mais aussi pour les personnes, répondant aux attentes des consommateurs en matière de durabilité et de bien-être.